© Daniella Zalcman with Catherine Blackburn, Clarita Vargas from Signs of Your Identity, 2019

Le Visual Storytelling Summit

Retour sur la deuxième édition de cet évènement dédié au photojournalisme aux États-Unis.

Pour l’Œil de la Photographie.
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Les 19 et 20 avril derniers, l’Institut d’art contemporain de San Francisco accueillait le Visual Storytelling Summit, créé en 2019 par CatchLight, une association qui vise à défendre et promouvoir le photojournalisme aux États-Unis. 
Retour sur ces deux jours de conversations autour d’artistes, de journalistes, de professionnels de la photo mais aussi de la technologie qui ont pu rendre compte de l’état du métier aujourd’hui et des questions culturelles et sociales qui se posent à l’heure des crises mondiales et de leurs répercussions locales. 

Cet évènement a permis de réunir de nombreux professionnels du journalisme visuel mais aussi de faire un état des lieux de cet écosystème, en dressant un portrait des enjeux à tenir après deux ans de crise sanitaire. Très active dans le domaine du photojournalisme en Californie et sur la côte Ouest, l’association CatchLight, animée d’un réseau à la fois local et international de membres photographes actifs, verse chaque année jusqu’à 30 000 dollars de bourse afin de soutenir la création autour du journalisme visuel, de l’histoire des communautés locales, de la lutte contre les déserts d’informations et des impacts sociaux que les temps instables actuels imposent. Entre art et journalisme, les frontières s’effacent pour laisser place à des questionnements profonds sur les évolutions de notre société et l’importance de la narration visuelle pour témoigner et laisser une trace de ces transformations. 

Baptisée « Healing the trust crisis » (guérir la crise de confiance), cette deuxième édition proposait après des premières discussions qui analysaient les écueils et les inégalités dans cet écosystème, notamment autour des questions d’identité et de genre, de regarder vers l’avenir en apportant des solutions et des idées pour rendre cette profession plus juste et plus respectée. 

Très active dans le domaine du photojournalisme en Californie et sur la côte Ouest, l’association CatchLight, animée d’un réseau à la fois local et international de membres photographes actifs, verse chaque année jusqu’à 30 000 dollars de bourse afin de soutenir la création autour du journalisme visuel, de l’histoire des communautés locales, de la lutte contre les déserts d’informations et des impacts sociaux que les temps instables actuels imposent.

Si le sujet de la sous représentation de certaines communautés dans le milieu fut d’abord évoqué, avec l’appui notamment de l’étude « State of Photo 2022 » et de l’enquête « Visual Storyteller Field Survey », il fut ensuite question du rôle même du photojournaliste dans la société, de son rapport aux médias et surtout du lien de confiance que celui-ci doit installer avec les personnes, les situations, les histoires qu’il capture. À travers tous les témoignages recueillis et sur fond de crise sanitaire, nous avons pu remarquer la force qui se crée face à la difficulté (économique, culturelle, identitaire, sociale…) et comment chaque intervenant, à son niveau, avec son expérience, porte des solutions. Photographier, garder une trace, documenter la situation d’une population tout en ayant sa confiance, telle est la mission de la plupart des photographes en free lance aujourd’hui. 

Les conversations proposées nous ont de plus permis de voir que la tâche est non seulement rude pour lutter contre les déserts d’informations, mais elle devient gigantesque quand il s’agit de la diffusion et de la monétisation de ces images via les médias, à l’heure où Internet domine et où les images s’y reproduisent à l’infini sans réelle règlementation. Elodie Maillet Storm, directrice de l’évènement, souligne d’ailleurs que plus de la moitié des journalistes visuels ont perdu leur emploi au cours des dix dernières années aux États-Unis. À ce sujet la présentation animée par Jonathan Dotan, entre autre membre du Centre de recherche de Stanford sur la blockchain et spécialiste du Web3, était fort intéressante pour comprendre comment le photojournalisme peut s’insérer dans cette nouvelle architecture du net, avec la mise en place d’une traçabilité doublée d’une sécurisation de la diffusion et de la monétisation des images. 

La tâche est non seulement rude pour lutter contre les déserts d’informations, mais elle devient gigantesque quand il s’agit de la diffusion et de la monétisation de ces images via les médias, à l’heure où Internet domine et où les images s’y reproduisent à l’infini sans réelle règlementation.

Différentes facettes du photojournalisme ont ainsi été questionnées lors de cet évènement, qui donnait par ailleurs à voir des expositions de photographies de membres boursiers de CatchLight en lien avec les tables rondes, dont la série “Red Summers: Domestic Terrorism 1917-1921” de Bayeté Ross Smith sur l’importance et le rôle des archives sur la trajectoire sociale, politique et économique des États-Unis ; ou le documentaire « Child of Empire » de Sparsh Ahuja sur la partition de l’Inde et du Pakistan en 1947 pour ne citer qu’eux. 

Un évènement riche en questionnements sur l’état de notre société et sur l’importance de préserver les « gardiens de nos images », ceux qui permettent de garder un témoignage visuel de nos histoires, des plus intimes au plus universelles, avec une approche à la fois journalistique, documentaire et artistique. 

Retrouvez l’intégralité des tables rondes sur le site www.catchlight.io.

Crédit photo : © Daniella Zalcman with Catherine Blackburn, Clarita Vargas from Signs of Your Identity, 2019


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