Empire of Light, Sam Mendès

Empire of Light 

Le pouvoir du cinéma by Sam Mendes, made in England. 

Rien de tel que la première séance de cinéma, celle du matin, où tout est encore immaculé d’une quelconque présence et où seules quelques âmes s’y installent chacune dans leur coin. Une salle de cinéma se résume le plus souvent à un lieu d’émotions, de partage, de sensations fortes ou de détente. C’est aussi et surtout l’un des seuls endroits où nous laissons encore aujourd’hui notre téléphone dans la poche, en mode avion ou « Ne pas déranger ». Le cinéma, c’est ces heures que nous passons immergés dans une histoire, pour le meilleur et parfois pour le pire. Cela reste un rendez-vous, un moment à nous, suspendu, singulier et collectif à la fois. Tous dans une même salle, tous là pour s’évader, mais chacun de son côté. Le cinéma nous porte autant qu’il nous répare. Il n’est pas uniquement l’affaire d’Hollywood et des super productions internationales, des stars et des tapis rouges, des grandes avant-premières et des discours mainstream, quoique tous ces éléments composent aussi sa mythologie. Le cinéma est en même temps l’affaire de chacun et chacune d’entre nous, dans nos villes ou nos petites bourgades, petits ou grands films… qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. 

Le cinéma, c’est ces heures que nous passons immergés dans une histoire, pour le meilleur et parfois pour le pire. Cela reste un rendez-vous, un moment à nous, suspendu, singulier et collectif à la fois.

Cet hommage à la salle de cinéma et à ce moment précieux qu’est une projection, nous le retrouvons dans le nouveau film de Sam Mendes, Empire of Light. Le réalisateur britannique est déjà connu pour ses James Bond Spectre (2015) et Skyfall (2012), ou dans un registre plus intimiste Les Noces Rebelles (2008), mais aussi et surtout American Beauty (1999) alors que son dernier film 1917 (2019) a été remarqué pour sa technique et sa mise en scène. Il revient ici avec une histoire ultra touchante, sans mélancolie mais avec tous les ingrédients pour s’émouvoir de chaque personnage. Le décor est un cinéma en bord de mer dans une ville du sud de l’Angleterre au début des années 1980. Une employée triste et isolée se lie d’un jeune Noir victime de racisme, dans une société sous Thatcher fortement marquée par le chômage et la violence. Avec peine, le cinéma Empire semble résister à cette société en déclin et devient le refuge de nos personnages. La photographie du film et les prises de vue en font un spectacle à lui tout seul. Outre la performance magistrale et sans fausses notes d’Olivia Colman (vue dans The Crown, The Father, The Favorite et moult autres merveilles), le film nous rappelle pourquoi on aime aller au cinéma. Les bandes annonces et les friandises pour les uns, le grand écran pour les autres et puis évidement le film pour tous. On trouve enfin dans le film une résonance avec les salles de cinéma aujourd’hui, meurtries par les plateformes de streaming et deux confinements, mais toujours ouvertes. 
Elles continuent de projeter ce petit faisceau de lumière qui nous emmène parfois dans d’agréables et incroyables fables, qui nous touchent des fois ou nous coulent d’autres fois. Mais bien qu’il souffre de désertion ou qu’il s’écrase sous les super productions, le cinéma restera toujours ce lieu de tous les possibles, imprenable dans nos souvenirs. 

Empire of Light, Sam Mendès
Olivia Colman & Micheal Ward, Empire of Light, Sam Mendes (2023)

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