Réunion au sommet à la Fondation Louis Vuitton.
On ne présente plus ces deux-là, que l’on soit initié ou novice, tout le monde a certainement entendu un jour parler des sérigraphies d’Andy Warhol ou des peintures de Jean-Michel Basquiat. Plus que des figures phares de la création artistique américaine du XXe siècle, ces deux artistes sont aujourd’hui encore des icônes modernes dont l’influence ne s’essouffle pas.
Depuis le 5 avril et jusqu’au 28 août, la Fondation Louis Vuitton à Paris raconte leur rencontre puis l’univers qui a entouré leur collaboration à travers une gigantesque exposition qui regroupe pas moins de 160 toiles « à quatre mains » et tout autant d’études et d’œuvres réalisées en lien avec ce duo si unique.
Découpée en plusieurs parties, l’exposition retrace les débuts de leur collaboration initiée par le galeriste Bruno Bischofberger, et qui s’étend de 1983 à 1985. De manière générale, cette association artistique rappelle les cadavres exquis de dessins développés par les surréalistes au début du XXe siècle, où chacun apporte sa contribution à une œuvre commune, en altérant ou non avec ce qui a été créé précédemment, mais toujours sous forme de dialogue.
Au début de cette collaboration, Bruno Bischofberger avait également proposé à l’artiste Francesco Clemente de se joindre à la partie, en résulte une quinzaine de toiles où les trois compères se sont appliqués à intégrer leurs styles respectifs. Basquiat et Warhol sont très vite allés au-delà de ce trio et ont commencé à peindre en série ensemble de leur propre initiative.
Chacun reste fidèle à l’iconographie qui le caractérise, Warhol reproduit par exemple des logos symboles de la société consumériste américaine comme Arm & Hammer ou General Electric, alors que Basquiat insère son langage graphique spontané et prolifique.
Il est ici question de la rencontre de leur iconographie respective mais aussi de leurs histoires personnelles, où les revendications de l’un viennent dialoguer avec les inspirations de l’autre. Cette rencontre est aussi le symbole de l’ambiance très éclectique des années 80, époque où les collaborations transdisciplinaires étaient légion, notamment dans la communauté artistique new yorkaise, alors en pleine effervescence.
Suite à une exposition de leurs toiles communes à la Tony Shafrazi Gallery à New-York qui ne récolta pas de bonnes critiques aux yeux de Basquiat, ce dernier mit fin à leur collaboration bien qu’ils aient gardé contact par la suite. Basquiat fut notamment très affecté par la mort de Warhol en 1987, dont l’œuvre hommage à son ami « Gravestone » est exposée en fin de parcours.
On retient de cette collaboration une entente artistique sans pareille et une complicité incroyable qui se devine parfois sur les toiles où, tantôt on les reconnaît, tantôt ils se confondent. Une chose est sûre, on ne s’en lasse pas.
Crédit photo : Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol « Sweet Pungent » 1984-1985