Deborah Turbeville Sans titre Rhode Island 1976 ©Deborah Turbeville MUUS Collection

Rétrospective Deborah Turbeville

À voir absolument à Lausanne jusqu’au 25 février 2024.

Pour cette fin d’année, Photo Elysée rend hommage à Deborah Turbeville, photographe américaine repérée à partir des années 1970 pour ses photographies de mode. Mais Turbeville, c’est bien plus que ça, c’est un travail sur la photographie et sa matérialité. En collaboration avec la collection MUUS, Photo Elysée nous permet de découvrir une véritable femme artiste.

Difficile de classer le travail de Deborah Turbeville (1932-2013), tant son œuvre est riche en recherche et utilisation diverse de la photographie. À travers l’exposition « Photocollage », Photo Elysée dévoile toute la dimension artistique du travail de Deborah Turbeville, et l’extrait en quelque sorte de la boîte « photographe de mode ». Il est vrai que c’est ainsi qu’elle est majoritairement connue dans le milieu. C’est en 1975 qu’elle s’est fait connaître avec la série dite des bains de New-York, qu’elle a réalisé pour le magazine Vogue, dont la direction artistique était alors assurée par Alexander Liberman. Mais lors de ces séances photo avec des mannequins dans des endroits atypiques ou des décors grandioses, Deborah Turbeville en photographie les coulisses, ces femmes qui s’habillent et se déshabillent, ces corps en mouvement, ces scènes isolées dans un flou recherché et avec l’envie de raconter une histoire. Une fois ses commandes réalisées pour des magazines tels que Vogue, Harper’s Bazaar, Nova ou encore Vogue Italia, elle travaille « ses photos » dans son atelier, les découpe, les annote, les gratte et les colle les unes aux autres. Ces collages n’ont rien d’une esquisse mais révèlent au contraire une intention artistique et une recherche esthétique, où les notions de séquence cinématographique et de physicalité de la photographie sont très présentes.

« Alors que les écrans nous ont habitués à des images très nettes, des couleurs vibrantes, Turbeville crée une sensation d’artisanat absolument fascinante. Elle coupe, déchire ses tirages, les colle avec du scotch et les épingle sur du papier kraft. Son art est fabuleux, l’aspect physique des objets exposés va bien au-delà de la photographie telle que nous la connaissons. »

Nathalie Herschdorfer, directrice de Photo Elysée et commissaire de l’exposition

En découvrant ses archives, la directrice de Photo Elysée et commissaire d’exposition Nathalie Herschdorfer était loin d’imaginer l’étendue artistique du travail de Deborah Turbeville, sur plus de quarante ans de carrière en tant que photographe de mode, ce sont autant d’œuvres qui ont été créées, toutes en noir et blanc. Deborah Turbeville travaillait également avec soin le développement de ses négatifs, en les superposant et en étudiant de près l’effet de la matière sur la photographie. Et Nathalie Herschdorfer d’ajouter : «  Alors que les écrans nous ont habitués à des images très nettes, des couleurs vibrantes, Turbeville crée une sensation d’artisanat absolument fascinante. Elle coupe, déchire ses tirages, les colle avec du scotch et les épingle sur du papier kraft. Son art est fabuleux, l’aspect physique des objets exposés va bien au-delà de la photographie telle que nous la connaissons. »
Alors qu’elle suivait les cours du soir de Richard Avedon, ce dernier a conseillé une chose à Deborah Turbeville : suivre sa propre voix. Elle qui s’est toujours plus ou moins sentie « à côté » dans le milieu glamour et superficiel de la mode, elle a trouvé son chemin dans toute la pluralité qu’offre la pratique de la photographie.
Avec cette retrospective, Photo Elysée signe de nouveau une exposition où l’espace est utilisé comme un temps de réflexion et où la photographie est abordée comme une expérience physique, une joie à l’ère du tout numérique.

Crédit photo : Deborah Turbeville « Sans titre Rhode Island » 1976 © Deborah Turbeville – MUUS Collection


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