La photographie à l’heure des nouvelles technologies.
Alors que le sujet des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle envahit l’actualité et suscite le débat, la 27e édition du Scotiabank CONTACT Photography Festival à Toronto propose à travers le travail de différents artistes de questionner et repousser les frontières de la photographie contemporaine.
Si le festival est devenu incontournable, avec plus de 180 expositions dans la ville et un riche programme de conférences, de nouvelles venues s’y font aussi une place comme les nouvelles technologies dans la photographie. De nouvelles pratiques sont en effet de plus en plus utilisées dans le médium et des images ne sont plus seulement créées à partir d’un objectif mais aussi à l’aide d’outils technologiques et numériques.
L’exposition de l’artiste Rodell Warner au Trinity Square Video présente notamment une série de GIF animés dérivés d’images d’archives du domaine public et retouchées par des ajouts numériques. Jawa El Khash présente lui des hologrammes au Evergreen Brick Works, qui répondent à la flore et à la faune du site, dans des images irisées et attrayantes qui imaginent un futur écosystème repeuplé et diversifié. Sur la façade extérieure de la Onsite Gallery, c’est une photographie aérienne de la banquise du nord du Canada de Robert Kautuk, prise à l’aide de son drone, qui est mise à l’honneur. Ces exemples montrent les possibilités créatives qui se sont récemment développées dans le domaine de la photographie, mais témoignent également de la richesse d’interprétation que ces pratiques permettent.
Cependant, nouveauté sémantique et progrès technique se confrontent rapidement aux frontières qui ont jusque-là défini la photographie : une image relève-t-elle toujours de la photographie si elle n’a pas initialement été captée par un objectif ?
Cette question s’est dernièrement posée notamment avec le scandale au Sony World Photography Awards où c’est une photographie créée par l’intelligence artificielle qui a été récompensée ou encore au Nikon Film Festival où c’est également un film créé à l’aide de l’intelligence artificielle qui a été primé. D’un point de vue historique, ces nouveaux formats et outils doivent être étudiés parallèlement à tout ce qui se pratique aujourd’hui dans le domaine de la photographie.
Sans les mettre au même niveau que la photographie « classique » à partir d’un objectif, ces différentes pratiques ont donc de beaux jours devant elles et constituent un terrain vierge en devenant le support principal du travail expérimental d’artistes et de photographes.
Crédit photo : Jawa El Khash